À cette époque de croissance exponentielle du « syndrome métabolique » et de l’obésité, les modifications du mode de vie pourraient être un moyen rentable d’améliorer la santé et la qualité de vie. Les modifications du mode de vie peuvent revêtir une grande importance chez les personnes atteintes d’une maladie mentale grave. Beaucoup de ces personnes présentent un risque élevé de maladies chroniques associées à un comportement sédentaire et aux effets secondaires des médicaments, notamment le diabète, l’hyperlipidémie et les maladies cardiovasculaires.1 L’exercice est un élément essentiel de la modification du mode de vie. L’importance de l’exercice n’est pas suffisamment comprise ou appréciée par les patients et les professionnels de la santé mentale. Des données probantes suggèrent que l’exercice pourrait être une intervention souvent négligée dans les soins de santé mentale.2
Il a été prouvé que les exercices aérobiques, notamment le jogging, la natation, le vélo, la marche, le jardinage et la danse, réduisent l’anxiété et la dépression.3 On propose que ces améliorations de l’humeur soient causées par l’augmentation de la circulation sanguine vers le cerveau induite par l’exercice et par une influence sur l’axe hypothalamo-hypophyso-surrénalien (HPA) et, par conséquent, sur la réactivité physiologique au stress.3 Cette influence physiologique est probablement médiée par la communication de l’axe HPA avec plusieurs régions du cerveau, dont le système limbique, qui contrôle la motivation et l’humeur ; l’amygdale, qui génère la peur en réponse au stress ; et l’hippocampe, qui joue un rôle important dans la formation de la mémoire ainsi que dans l’humeur et la motivation.
D’autres hypothèses ont été proposées pour expliquer les effets bénéfiques de l’activité physique sur la santé mentale, notamment la distraction, l’auto-efficacité et l’interaction sociale.4 Bien que les programmes de groupe structurés puissent être efficaces pour les personnes atteintes de maladies mentales graves, les changements de mode de vie axés sur l’accumulation et l’augmentation d’activités d’intensité modérée tout au long de la journée peuvent être les plus appropriés pour la plupart des patients.1 Il est intéressant de noter que l’observance des interventions en matière d’activité physique chez les patients psychiatriques semble être comparable à celle de la population générale.
L’exercice améliore la santé mentale en réduisant l’anxiété, la dépression et l’humeur négative et en améliorant l’estime de soi et les fonctions cognitives.2 Il a également été constaté que l’exercice soulage des symptômes tels que la faible estime de soi et le retrait social.3 L’exercice est particulièrement important chez les patients atteints de schizophrénie, car ces patients sont déjà vulnérables à l’obésité et aussi en raison du risque supplémentaire de prise de poids associé au traitement antipsychotique, en particulier avec les antipsychotiques atypiques. Les patients souffrant de schizophrénie qui ont participé à un programme de conditionnement physique de 3 mois ont montré des améliorations dans le contrôle du poids et ont signalé une augmentation de la condition physique, de la tolérance à l’exercice, une réduction de la pression artérielle, une augmentation des niveaux d’énergie perçue et une augmentation des niveaux de force de préhension du haut du corps et des mains.5 Trente minutes d’exercice d’intensité modérée, comme la marche rapide 3 jours par semaine, sont suffisantes pour ces bienfaits pour la santé. De plus, ces 30 minutes n’ont pas besoin d’être continues ; On pense que trois promenades de 10 minutes sont aussi utiles qu’une promenade de 30 minutes.
Les avantages pour la santé de l’exercice régulier qui devraient être soulignés et renforcés par chaque professionnel de la santé mentale auprès de ses patients sont les suivants :
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Amélioration du sommeil
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Intérêt accru pour le sexe
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Meilleure endurance
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Détente
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Amélioration de l’humeur
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Augmentation de l’énergie et de l’endurance
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Réduction de la fatigue qui peut augmenter la vigilance mentale
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Réduction du poids
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Réduction du cholestérol et amélioration de la condition cardiovasculaire
Les fournisseurs de services de santé mentale peuvent ainsi offrir des interventions efficaces et fondées sur des données probantes en matière d’activité physique aux personnes souffrant de maladies mentales graves. D’autres études devraient être menées pour comprendre l’impact de la combinaison de ces interventions avec les traitements traditionnels de santé mentale, y compris la psychopharmacologie et la psychothérapie.